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La taxe Tobin :   pour une démocratisation de l'économie

James Tobin (prix Nobel d'économie en 1981, conseiller de Clinton et spécialiste des marchés financiers et de leurs effets sur l'emploi) propose de " lancer une poignée de sable dans les rouages trop bien huilés du marché des changes ". En l'occurrence le grain de sable est un prélèvement de l'ordre de 0,1 % sur toutes les opérations de change (c'est à dire l'achat ou la vente de devises). Ainsi taxées, les transactions à court terme, à visée spéculative, perdraient de leur rentabilité car les opérateurs financiers auraient à payer la taxe sur chaque échange, ce qui entraînerait une stabilisation des taux de change, et limiteraient les gains purement financiers obtenus aux dépens des monnaies faibles. Pour autant, un investisseur qui achète des devises dans une perspective de production ne serait pas pénalisé car il n'achète qu'une fois des devises, contrairement au spéculateur qui par définition achète (ou vend) à chaque opération spéculative. Le faible taux de la taxe permet donc de limiter les échanges spéculatifs, mais pas les échanges productifs, qui au contraire bénéficieraient de la stabilité monétaire.

Mais pourquoi donc rechercher la stabilité monétaire ? Tout simplement pour avoir la possibilité de faire une autre politique monétaire. Aujourd'hui, face à l'instabilité des changes, La politique monétaire sert principalement à maintenir le taux de change, alors qu'elle pourrait (si la contrainte de change était desserrée par la taxe Tobin) être consacrée au soutien de l'économie réelle, notamment en stimulant l'activité en période de chômage.

La poignée de sable lancée par Tobin nourrit un autre espoir : celui de voir émerger une régulation internationale financée par les revenus de la taxe (estimés à environ 100 milliards de dollars par an), dont le champ d'action pourrait être la solidarité internationale (développement, paix ... ), la protection de l'environnement ... Une vision planétaire des enjeux qui ne soit pas dominée par l'économie, voilà jusqu'où pourrait mener un grain de sable.


A lire : F. Chesnais, Tobin or not Tobin, L'esprit frappeur, 1998 (10 F.)

Remarque : le candidat Jospin avait inscrit la taxe Tobin à son programme en 1995 ; le Premier Ministre Jospin est contre...

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