Les marchandises en général, la paille le guano ne pourront s'échanger entre elles que s'il est tout-à-fait égal aux gens de posséder de la monnaie ou de la marchandise, et il ne peut en être ainsi qu'avec une monnaie affligée des mêmes imperfections que les marchandises. C'est évident. Nos marchandises vieillissent, rouillent, se gâtent, se rompent. Lorsque la monnaie aura des propriétés physiques correspondant aux désagréments et aux pertes que nous causent les marchandises alors seulement, elle constituera l'instrument sûr, rapide et bon marché des échanges, puisque nul ne la préférera aux marchandises, en aucun cas et à aucun moment.

Nous devrons donc faire de l'argent une marchandise plus mauvaise si nous voulons en faire un meilleur moyen d'échange.

La monnaie Franche ?

La monnaie franche est une monnaie qui se déprécie chaque mois, une monnaie biodégradable comme toute marchandise naturelle. Son porteur a ainsi tout intérêt à s'en débarrasser le plus vite possible. Elle est inthésaurisable. On ne peut pas spéculer avec.

Expérience réussies de monnaies franches au XXè siècle

Dès 1919, une association franchiste est crée en Allemagne. En 1930 elle est sollicitée par monsieur Hebecker, ingénieur de la petite commune bavaroise de Schwanenkirchen. Il vient de racheter aux enchères une mine de charbon qui était l'activité essentielle de cette petite bourgade rurale. Hans Timm ami de Silvio Gesell, avait créé alors un " billet d'échange ", le " Warä ".

La Warä était égale à un mark et perdait 1% de sa valeur par mois.

Les franchistes décidèrent de prêter 50 000 Warä à Hebecker. Les choses n'étaient pas règlées pour autant...

Certes, les mineurs au chômage forcé depuis 1928 se déclarent prêts à reprendre le travail pour ces billets jaunes, mais les commerçants se montrent réticents dans un premier temps. Hebecker organise alors une cantine alimentée par des franchistes d'Allemagne qui acceptent la Warä.

Les commerçants viennent alors trouver Hebecker, avouant mieux comprendre le mode d'usage de ces billets d'échanges. Préférant perdre 1% par mois que toutes leurs recettes, ils acceptent alors de marcher dans le circuit. En 1931, les 40 mineurs purent ainsi avec leurs premiers salaires régler leurs dettes et acquérir les produits de première nécessité. Tailleurs, forgerons, cordonniers sont de la course. Les commerçants remettent les Warä à leurs fournisseurs et grossistes... qui s'approvisionnent en charbon de Schwanenkirchen, bon gré, mal gré. La boucle économique se recrée.

Quelque mois plus tard, la petite localité est méconnaissable. Trois autres villages proches ont repris également leurs activités. L'optimisme souffle sur le pays désendetté. Des journalistes et des témoins parlent du " miracle de Schwanenkirchen ". Les journaux financiers des USA s'en font l'écho, soulignant la présence d'une monnaie " dynamique, inthésaurisable ".

Les commerçants de Schwanenkirchen s'expliquent : Nous sommes heureux de perdre 1% par mois du moment que nous pouvons compter régulièrement sur le salaire de quarante ouvriers. Sans la Warä, la mine serait morte, les ouvriers au chômage et notre recette nulle. Une monnaie "timbrée" est préférable à une monnaie "fantôme". Et les ouvriers de surenchérir : Nous ne perdons pas les 1% mensuel, notre salaire va immédiatement dans les magasins d'alimentation, où nous n'avons plus aucune difficulté à les placer. Nous serions heureux d'avoir beaucoup de Warä, car sans leur institution, nous serions encore dans la misère. La Warä commence à circuler dans toute l'Allemagne au grand dam du Chancelier Brüning qui mène une politique " déflationniste ".

La warä est " une monnaie en contravention avec le droit souverain de l'état " commence-t-on à entendre dire. Et des juristes de souligner : Comment un particulier peut-il se permettre de créer et d'émettre de l'argent ; ceci est illégal ! A quoi répliquent les franchistes : La warä contrevient à aucune loi car ce n'est pas une monnaie ! La warä n'est qu'un instrument d'échange, ce n'est pas de l'argent.

La Warä n'a pas de couverture et n'est pas remboursable. D'autre part, la warä ne rapporte pas d'intérêt et ne se prête pas à la spéculation...

Au tribunal, la Warä gagne le procès.

Elle peut créer une nouvelle inflation monétaire continue de dire le gouvernement. Impossible ! Elle ne crée pas de bénéfice au porteur ! Peine perdue...

Le 30 octobre 1931, le chancelier Brüning interdit en Allemagne l'usage de la warä, de toute monnaie timbrée ou de bons d'échange. 2 500 000 personnes avaient déjà fait usage de ces bons d'échange.

Schwanenkirchen retombe dans le marasme. Cela n'empêchera pas le redressement monétaire de l'Allemagne, entre 1932 et 1935. Grâce aux offices éclairés du Docteur Snacht qui fut wäriste.

[ Historique | Les 10 commandements | Le SEL de la vie | Monnaie Biodégradable | Député ]